mardi 14 août 2007

Piste 05 : "Twist and Shout" par les Beatles

C’est une chanson assez mineure dans le catalogue des Beatles : présente sur le tout premier album du groupe, Please Please Me, disque à la fraîcheur inoxydable mais encore loin des sommets que seront entre autres Revolver ou Abbey Road, elle possède en outre la particularité d’être une reprise, les Isley Brothers étant ses interprètes originels. Pourtant, le fait est là : c’est ma préférée du groupe. D’assez loin même.


Je suis parfaitement conscient que, d’un point de vue tout à fait objectif, il y en a de biens meilleurs. Des tas. "Tomorrow Never Knows", "A Day in the Life" ou encore l’intégralité de Rubber Soul resteront toujours, même après la 167e écoute, des monuments de pop-music et auront toujours le même impact sur vos oreilles émerveillées (et, généralement, cela s’accompagnera en plus d’un sourire béat ou d’un pied soudainement incontrôlable ou, ça peut arriver aussi, d’être pris d’une envie irrépressible de faire l’amour à votre prochain). Mais voilà, malgré tout, je reconnais en "Twist and Shout" la face la plus lumineuse de toute la discographie des Fab Four.

Mon amour pour cette chanson comprend une réponse en 3 parties : 1°) Le titre à pour lui une mélodie à tomber, une vraie friandise pour n’importe quel amateur de pop ; 2°) Il a également pour lui de contenir, vers le 3/4 de sa durée, un moment vraiment très beau où les voix des 4 Beatles s’additionnent une à une jusqu’à une véritable orgie de cris et de guitares, pour enfin se finir par un glissement vers le refrain (je ne m’en lasserai probablement jamais) ; et, 3°) "Twist and Shout" est une preuve irréfutable qu’opter pour la simplicité peut, très souvent, offrir de savoureux fruits. J’irai même jusqu’à affirmer que la découverte de cette chanson à profondément bouleverser ma manière de concevoir la vie… Ouais bon, ok, j’exagère peut-être un peu. Quoique...

Le fait est que, jusqu’à un passé relativement proche, je considérais automatiquement le moindre aspect de mon existence sous l’angle le plus improbable. "Mais non, c’est toi qui as raison, c’est juste qu’ils ne le savent pas encore…", "bien sûr qu’elle est dingue de toi, elle fait juste semblant pour le moment", ou "c'est évident qu'ils n'ont pas ri à ma blague, ils ont ri de moi !" : voilà un échantillon (bon, sur le coup, j’ai pioché dans le top 5 des plus tordus) des choses qui me traversaient l’esprit à une période de ma vie. Je refusais de regarder, ou plutôt d’affronter, la réalité de mon existence, qui était celle-ci : j’étais quelqu’un qui avait un bon environnement, de bons amis, une famille aimante, une ravissante petite amie… une situation très heureuse en somme. Mais je ne voulais pas de ça. Non, la vie dont je rêvais, c’était celle d’un marginal, à l’âme torturé et profondément incompris de tous. C’était idiot, mais je ne pouvais pas croire que le bonheur, cette entité tellement abstraite qu’on nous fait tous miroiter, que cette chose hors de portée, moi, je pouvais le serrer dans mes bras. Je ne l’ai pas fait. Volontairement ou pas, je l’ai laissé s’enfuir.

"[...] - Eh quoi ! n'est-ce donc que cela ?
La toile était levée et j'attendais encore."

Aujourd’hui, comme tous les demeurés, j’aspire au bonheur. "Twist and Shout", et d’autres petites choses comme ça, m’ont aidé à comprendre que le bonheur n’est pas un type qui se prend la tête et, pour que l’on puisse devenir bons copains, qu’il est nécessaire que j’en fasse autant.