dimanche 9 septembre 2007

Piste 12 : "My Girl" par les Temptations

Il y a des choses imprévisibles dans la vie, c’est vrai. Tout aussi exact est le fait qu’il y a des choses qui durent. Elles sont rares. Mais bien réelles. Et nous, nous les poursuivons. C’est le sens de la vie. Je ne l’invente pas. Les Monty Python l’ont dit avant moi. Bon, le reste… Des obstacles. Des haies, plutôt, qu’il faut sauter. Pour finir la course. Après tout, c’est ça, le but, non ? Arriver à destination. Tout ce qui est cucul n’est pas forcément faux, ou mauvais. Dont acte.


J’ai réalisé récemment que j’aimais cette chanson des Temptations. Enormément. Forcément. On ne peut pas détester infiniment "My Girl". Enfin si, mais alors il faut VRAIMENT le vouloir ; si ce n’est pas le cas, alors il est impossible que vous puissiez rester insensible à elle. C’est scientifiquement prouvé. Sans blague. L’intro, tout en style et volupté, la merveilleuse voix du lead-singer du groupe, tout en style et volupté, et le "My girl, my girl, my girl…" en fin de refrain, tout en style et volupté… Les chansons, finalement, c’est comme les nanas : elles peuvent ne pas être très belles, avoir un caractère de chien ou posséder un humour des plus lugubres, il suffit qu’elles fassent un truc de vraiment extra, et on en tombe amoureux. C’est dingue, mais c’est vraiment comme ça que ça se passe. Hé ben là, c’était pareil.

Bon, pour être à 100% honnête, c’est pas tout à fait la vérité. J’ai eu besoin d’un intermédiaire. Pas que j’en avais besoin, parce que c’est réellement une très jolie chanson. L’une des plus ravissantes dans son genre. Mais il se trouve que, par un heureux hasard que la vie nous accorde de temps à autre, de très bons amis avaient vu et compris la beauté de "My Girl" bien avant moi. Ce sont des camarades de longue date, et en qui j’ai une confiance vraiment aveugle : les Jesus and Mary Chain. Lors d’une de leurs Peel Sessions, ils en ont fait une reprise des plus fabuleuses puisque des plus simples et des plus sincères. De l’original, ils ont gardé les paroles, la mélodie, l’intro que j’ai loué plus haut, ainsi que l’ambiance si romantique qui embrasse la chanson de tout son long. Les frères Reid n’ont fait que l’interpréter d’une manière qui ne pouvait que me parler : la voix mélancolique et traînante du chanteur débitant tranquillement le texte, le rajout de quelques guitares shoegazers, ce sfumato sonore si caractéristique de ce rock post-velvetien… Mon Dieu. C’était la même, et pourtant, tout était irrémédiablement changé en elle. Il suffit qu’elles fassent juste un seul truc de vraiment extra, et puis…
Et puis je crois que j’attache peut-être trop d’importance au rôle des Jesus and Mary Chain dans cette histoire. C’est bien eux les premiers qui me l’ont décrite en des termes élogieux. Ce sont aussi des amis loyaux et fidèles, qui jamais ne me laisseraient m’aventurer dans des eaux peu fréquentables. Vrai de vrai. Mais la vérité vraie, c’est qu’ici, je n’avais pas besoin d’eux. Ils la connaissaient mieux que moi à l’époque, mais je l’aurais aimé de toute manière. Tout simplement parce que c’est une chanson géniale, et que j’aurais été bien con de passer à côté.

Bien sûr, il peut arriver qu’un jour ou l’autre, je réalise que j’en ai marre d’elle, et que je n’ai plus l’envie de l’écouter ; même si ce serait bien pratique, on ne peut pas demander aux feux de la passion de nous brûler tout aussi ardemment que la première fois. Et s’ils s’éteignent définitivement, on ne peut en vouloir à personne, comme personne n’est à blâmer. Si "My Girl" ne me plaît plus autant qu’auparavant, qu’elles sont mes autres options si ce n’est d’arrêter de l’écouter ? Tout objet lancé dans les airs est condamné à tomber au sol. Physique élémentaire. Est-ce que tout ce temps passé en la compagnie des Temptations a été pour autant du temps perdu ? Non, les cieux ont été touchés. Mais le sol est là. Et Newton a quelques bonnes références tout de même, il devait savoir de quoi il parlait.