lundi 27 août 2007

Piste 09 : "Erase/Rewind" par les Cardigans

Le truc, c’est que j’avais bu. Juste avant de l’écrire, je veux dire. Je sais, je dois sûrement avoir l’air du type qui se cherche des excuses : eh bien, c’est le cas. Je déteste cet article. Même en faisant un effort, vous ne pourriez, ne serait-ce que très grossièrement, imaginer la consternation dans laquelle je suis plongé. Et dire que c’est moi qui suis l’auteur de cette chose… Ce qui me tracasse vraiment dans toute cette histoire, la goutte d’eau qui fait se renverser le vase si vous préférez, c’est le ton qui j’y adopte. Même à moi, pour qui le complexe de Dieu est plus une qualité qu’un défaut, ce ton hautain et plein de dédain semblait être too much. Ca tutoyait même le grotesque lorsque je m’époumonais à descendre en flèche les clichés ambulants, tandis qu’à chaque phrase que je déblatérais, je ne faisais que me rendre aussi détestable qu’eux… J’ai honte de moi. Vraiment. Affreusement honte.

Je ne peux que supposer que j’ai rédigé cela dans un état second, dans lequel l'alcool m'a fait sombré. Ca m’attriste d’autant plus que les thèmes que j’y ai abordé me tiennent particulièrement à cœur : j’avais en tête bien autre chose pour eux, un décorum supérieur de la tête et des épaules et des coudes à ça. Lorsque l’idée de concevoir ce blog commença à se dessiner de plus en plus nettement dans mon esprit, un des points sur lesquels il était hors de question pour moi de revenir est précisément celui qui me retient d’effacer cette article, au lieu de me fatiguer à écrire ce texte.

Ce blog n’est pas un pseudo-projet artistique et littéraire ; ce blog n’a pas pour ambition de plaire, ni à mes amis, ni à mes connaissances, ni à personne d’autre d’ailleurs que ma seule et unique personne ; ce blog est un atelier d’écriture ; ce blog est ce que l’on peut considérer comme un journal intime ; ce blog est le reflet de mon âme, si je voulais donner dans la joliesse mièvre. Enfin, tel était l’objectif initial. Aussi, il me fallait quelques garde-fous pour mener à terme ce projet : je m’engagea donc à respecter certains impératifs, comme écrire à intervalles réguliers et temporellement proches, ne traiter que de thèmes et sujets qui me parlaient sincèrement et profondément, éviter comme la peste la vacuité de l’humour à outrance tout autant que l’émotion facile et bas de gamme (frontières que j’ai à de maintes reprises longées, si ce n’est carrément franchi sans pudeur aucune)… Et puis, celle de laisser intact tout texte dès lors qu’il a été publié. Son rôle me paraît relativement peu opaque. Un journal intime est, par définition, un recueil d’instantanés des émotions et sentiments de son auteur. Enlevez-lui cela et son véritable et seul intérêt disparaît.

Je tiens un journal intime non pas par ennui, ou par dépit, ou bien encore par manque d’attention et d’affection de la part de mes proches. J’écris parce que je n’ai pas l’esprit en paix ; je tente donc désespérement par l'écriture de me prouver "que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise". De la distraction, en somme. C’est tout ce que c’est.

Ah oui, j’allais oublier, la chanson. Bah, "Erase/Rewind" des Cardigans tiens. Elle convient parfaitement à l’idée directrice de cet article-ci. Quoique, ça fait un peu cliché, non, de piocher cette chanson ? D’accord, elle est loin d’être dégueulasse, et Nina Persson a vraiment une voix craquante, mais quand même… "Erase/Rewind"… Aucune série adolescente digne de ce nom n’a pas utilisée au moins une fois ce titre pour une scène de rupture particulièrement douloureuse pour chacun des partis. Sans ajouter à cela que… Oh, et puis merde. C’est cette chanson, basta. Passons.